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Vendredi 19 avril 2024
Le jeu vidéo s’immisce dans la campagne présidentielle

Le jeu vidéo s’immisce dans la campagne présidentielle

Le premier tour de la campagne présidentielle approche à grands pas, et si les résultats restent encore bien incertains, pour la première fois, le jeu vidéo est véritablement devenu une plateforme de communication pour certains candidats. Alors que les joueurs sont de plus en plus nombreux en France, nous assistons à l’émergence des premières campagnes virtuelles à l’intérieur même des jeux vidéo.

Des candidats héros de jeux vidéo

En France, plus d’une personne sur deux déclare jouer à un jeu vidéo une fois ou plusieurs fois par semaine, et pratiquement ¾ des Français jouent au moins une fois dans l’année. Et cela ne concerne pas que des enfants ou de jeunes adultes, puisque l’âge moyen du joueur et de la joueuse en 2022 est de 39 ans. Rien d’étonnant donc à ce que les candidats à la présidence décident de communiquer grâce à ce média.

La France Insoumise, le parti de Jean Luc Mélanchon, avait déjà innové en 2017 lors de la précédente campagne, en sortant Fiscal Kombat. Dans ce jeu vidéo de campagne au style rétro, le candidat incarnait un Robin des Bois moderne, chargé de secouer les riches pour faire tomber leurs euros et les reverser dans le pot commun. Cette première initiative tenait plus du clin d’œil, mais le parti de gauche radicale réitère cette année, de façon un peu plus sérieuse cette fois. Le nouveau jeu de ces élections présidentielles s’appelle LAEC est TOI (diminutif de « L’Avenir En Commun c’est toi »), il s’agit d’un puzzle game très inspiré de Baba Is You, avec l’accord du créateur. Le jeu pousse le joueur à « changer les règles » pour faire « face à l’urgence écologique, face à l’injustice, face aux défis de notre temps, face au repli sur soi ». Une façon pour le moins originale de faire passer ses idées et de présenter son programme.

Eric Zemmour est lui aussi le héros d’un jeu baptisé Le Z. Mais cette fois-ci, même si ses équipes de campagne ont relayé l’information, c’est un militant qui a pris lui-même l’initiative de développer ce jeu. Un jeu aussi clivant que le candidat qu'il représente, que certains félicitent pour son second degré et que d’autres trouvent de très mauvais goût. Le but est simple, le candidat doit combattre les écologistes et « sauver la France » grâce à son bouclier anti-insultes et à son drapeau français.

Le metaverse comme nouvelle plateforme de communication électorale

Nous avons tous entendu parler de metaverse, mais il n’est pas forcément évident d’en faire une définition. Cette contraction de méta-univers désigne des réseaux et des plateformes virtuelles actives et évolutives, où de nombreuses personnes peuvent interagir entres-elles sous la forme d’avatars. Des mondes virtuels immersifs, amenés à se développer avec l’essor de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée.

Certains jeux sont déjà considérés comme des metaverses. C’est notamment le cas de Fortnite et de Minecraft, et c’est ce dernier qui a été choisi par Emmanuel Macron et ses équipes de campagne.

Ici, il n’est pas question de créer un jeu et de faire du candidat son héros, mais bien de faire campagne dans un monde virtuel. En ouvrant un serveur dédié sur Minecraft, un des jeux les plus populaires au monde, le président sortant a créé le premier metaverse de campagne. Une petite ville a été créée, et les joueurs peuvent y voir des affiches de campagne, des drapeaux français et même parler avec des PNJ qui leur donnent des informations sur les actions réalisées pendant ce quinquennat.

Ce 2 avril, à l’intérieur du palais des congrès qui a été reconstitué dans cette ville sur Minecraft, Emmanuel Macron a même organisé un meeting virtuel. Les joueurs pouvaient prendre place pour regarder ensemble la diffusion YouTube de son véritable meeting donné à La Defense Arena.

Cette première expérience marquera-t-elle un tournant dans la façon de faire campagne ? Il est un peu tôt pour le dire, mais il est raisonnable d’envisager que la communication au sein même des univers virtuels devrait assez rapidement se démocratiser.